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Ardavena
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Anarchiste, communard, écologiste pionnier, Elisée Reclus signe ici un ouvrage novateur, anticipant les combats écologistes et politiques modernes dans une langue à la force évocatoire sans pareille.
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Etait-ce à moi, me disais-je amèrement, à faire le prédicateur et le catéchiste ? Quel ridicule pour un homme de mon état et de mon âge ? Il fallait donc être sûr de trouver dans mes maximes le remède dont j'ai besoin pour moi-même. Il fallait être persuadé de tout ce que j'ai prêché, pour en faire ma propre règle. N'est-il pas misérable que, livré comme je le suis aux plaisirs des sens, j'ai entrepris de rendre une fille chaste et vertueuse ? Ah ! J'en suis bien puni !
L'orientaliste Histoire d'une Grecque moderne, à l'instar de Manon Lescaut, voit l'impétueux Abbé Prévost entraîner l'esthétique romanesque dans un galop endiablé où l'occasion saisie, le risque pris, engagent un je littéraire - en l'espèce celui d'une sorte de préfiguration de l'Humbert Humbert de Nabokov - dans une folle entreprise de déchiffrement de l'opacité douloureuse des êtres aux autres et à eux-mêmes. -
"Je pensais au Dingo bondissant et affectueux qui se jetait sur moi, comme pour m'étreindre, au Dingo souple et cruel qui plantait ses crocs dans la chair vivante des moutons et des poules. Maintenant, il restait couché sur le tapis, et sa tête, comme si son poids l'eût entraînée, posait obliquement sur le plancher."
L'inclassable Octave Mirbeau dresse dans ce roman doux amer, c'est le moment de le dire, en 1913, son "Malaise dans la civilisation". Dédoublé, aliéné dans le "personnage" d'un chien, il peint tout à la fois le caractère opiniâtrement absurde des limites imposées par les convenances sociales à la nature et l'incapacité de ladite nature à présenter à l'humanité un visage parfaitement fraternel. -
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : et autres déclarations des droits de l'homme
Olympe de Gouges
- Ardavena
- 25 Février 2023
- 9782494506145
Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ?
C'est en septembre 1791 que la dramaturge et militante révolutionnaire Olympe de Gouges publie, sous une forme résolument novatrice, un texte longtemps demeuré dans l'ombre et qui, postulant l'égalité des facultés et des dignités des femmes et des hommes; en infère la nécessité de l'instauration de celle de leurs droits au champ civique.
Le présent volume inclut également les déclarations des droits de l'homme de 1789, 1793, 1936 et 1948, afin de permettre une mise en perspective stylistique autant qu'historique du texte d'Olympe de Gouges. -
Pour être socialiste : suivi de discours d'avril -- juin 1936
Léon Blum
- Ardavena
- 18 Juin 2024
- 9782494506718
Que fut le socialisme pour Léon Blum ? Au moment où le Front populaire s'élance vers l'exercice du pouvoir, que demeure-t-il de la conception qu'en a échafaudée le poète et critique littéraire, ami des symbolistes ?
La voix même de Blum répond ici à ces deux questions. -
Il me la faut, dussé-je la broyer, l'éventrer ! Ah ! je t'aurai ! Je rauque des paroles infâmes, des ordures qui me réjouissent douloureusement. Je m'approche d'elle ; elle dort profondément. Le pis est fait ! Comme l'Espagnol de la nouvelle de Richepin, j'ai commis le péché des yeux, le crime des yeux !
Elle est nue ! Et c'est moi qui l'ai découverte ! Et, penché, je les soûle, mes yeux !
Face à l'oeuvre de John-Antoine Nau, premier lauréat du prix Goncourt et sujet de dilection de Joris-Karl Huysmans, deux questions taraudent : comment une telle virtuosité mise au service de la révolution des formes a-t-elle pu voir sa trace colossale se perdre dans les temps ? Comment l'Américain francophone exilé volontaire en terre et en langue de poésie peut-il dépasser de tant de têtes esthétiques la plupart de ses contemporains français en écriture ?
Ce qui fascine devant l'oeuvre entier de Maître Nau fascine devant Force ennemie, roman coruscant, munificent, où les êtres et les langues, fous et folles les uns et les unes des autres, s'affrontent en une flamboyante et irrésistible émulation ! -
"Il m'a semblé qu'une opinion aussi universelle que l'antisémitisme, ayant fleuri dans tous les lieux et dans tous les temps, avant l'ère chrétienne et après, à Alexandrie, à Rome et à Antioche, en Arabie et en Perse, dans l'Europe du Moyen Âge et dans l'Europe moderne, en un mot, dans toutes les parties du monde où il y a eu et il y a des Juifs, il m'a semblé qu'une telle opinion ne pouvait être le résultat d'une fantaisie et d'un caprice perpétuel, et qu'il devait y avoir à son éclosion et à ses permanence des raisons profondes et sérieuses." L'Antisémitisme, son Histoire et ses causes est suivi de "Contre l'Antisémitisme", qui revient sur la polémique qui opposa Lazare à Drumont, auteur de "La France Juive." La lecture de l'ouvrage de Bernard Lazare, à qui un athéisme militant confère une rigueur nonpareille, est essentielle à la compréhension par notre temps, que déroute la reverdie du pire, des "raisons" - non des "justifications" - d'une haine millénaire meurtrière de nature à défier l'entendement.
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La Maîtresse de Proust
Gilberto Schwartsmann, Emmanuel Tugny
- Ardavena
- 16 Novembre 2022
- 9782494506039
Qui est cette femme si mystérieuse, cette Odette avec qui le professeur Palais s'entretient dans le fameux hôpital parisien de la Pitié Salpêtrière ?
L'oeuvre de Gilberto Schwartsmann est incontestablement française et européenne, elle l'est en tant qu'elle se nourrit d'un amour éperdu pour une terre d'élection faite de parole, de gestes et de beauté. Mais elle est aussi une oeuvre latino-américaine, et même une oeuvre toute brésilienne, qui sait tirer profit de l'observation d'un objet pour y placer les germes de l'éclosion de l'imaginaire le plus irrépressible et, partant, le plus enchanteur. -
Il fera bon mourir un jour : Quadrature du cercle
Jean-françois Jacq
- Ardavena
- 18 Août 2023
- 9782494506374
" C'est comme si j'étais revenu d'un camp de concentration. Ecoute. Une vie amputée de son enfance. Une errance initiée à l'âge de treize ans. Une adolescence à feu et à sang. Le récit, au plus près, peau contre mot, de mes multiples morts. Un ovni littéraire. Un diamant brut. Et, tout du long, en bord de piste, ce bruissant carnage : moi, l'inconnu, le conquérant ; toi l'indispensable lecteur."
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"On lui écrit de longues lettres et il nous écrit de longues lettres qui sauf l'été se passent de poste, et qu'on se tend dans le couloir. On échange quelques minutes entre les cours, pas trop pour que ça ne paraisse pas bizarre. Cela paraît bizarre... Il nous emmène chez lui après les cours, une fois par semaine, en vitesse. On boit du thé. C'est invivable.
Un jour, dix ans plus tard, on le retrouvera, il dira : " Tu es la seule femme qui m'ait vraiment aimé."
Invivable."
Chabadabada s'anime de dépassements : dépassement de la fiction de formation par un roman du regard rétrospectif ironiste et cruel, dépassement du féminisme d'apparat par la formulation analytique de l'abord ébaubi de la condition d'adulte, dépassement, enfin, de l'écriture du sensible par celle de sa critique sentie. Chabadabada, en somme, manifeste en chacune de ses pages l'éminence irrésistible d'une esthétique du "rire jaune". -
Si elle évoque les oeuvres torturées de Baudelaire, Poe, Lautréamont, Poe, Borel ou Rimbaud, la poésie de Rollinat se distingue par son art parfaitement ancré du tempo, qui semble rappeler que si le vivant n'est qu'une antichambre au vide, il est aussi une piste où danser.
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- Denis, tu as dit "la poésie ça m'emmerde", en quoi elle t'emmerde la poésie ?
- Tu as retenu ça et tu as raison, la poésie ça m'emmerde. J'ai dit ça parce que la poésie, c'est quelque chose qui est lié à l'être humain, la poésie, c'est tout sauf du commerce. La poésie m'emmerde parce qu'elle ne me laisse pas tranquille.
Témoignage d'amitié comme d'admiration, ce livre n'est pourtant pas tant un hommage qu'un essai à deux voix : il s'agit d'interroger ce qu'en définitive nous appelons poésie - de donner à voir comment la performance scénique la matérialise - de proposer, enfin, une réflexion qui ne se déploie ni en aval ni en amont du surgissement du poétique, mais en symbiose avec lui. -
A quel saint personnage la ville de Saint-Malo doit-elle son nom ? C'est ce qu'on apprendra en lisant la drôle d'hagiographie de l'évêque Malo, telle que le Malouin Emmanuel Tugny l'a adaptée des écrits du Rennais Albert Le Grand ; elle accompagne les photos grâce auxquelles Guillaume Gesret, autre Malouin, fixe les instants magiques qu'il glane dans la ville au quotidien. Un regard chargé d'Histoire, mais tout neuf, sur la cité corsaire !
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Dans une prose raffinée, toujours à la fois exhaustive et claire, Gustave Lanson, en qui on aurait tort de ne voir qu'un critique "biographiste", "sociocritique", propose sous la forme d'un élégant contrepoint les panoramas d'une vie, d'une pratique, d'une pensée, d'une oeuvre et d'un temps. En somme, ci-gît tout Corneille, réinventeur du théâtre.
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" Je ne considère la question juive ni comme une question sociale, ni comme une question religieuse, quel que soit d'ailleurs l'aspect sous lequel elle se présente, suivant les temps et les lieux. C'est une question nationale, et, pour la résoudre, il nous faut, avant tout, en faire une question politique universelle, qui devra être réglée dans les conseils des peuples civilisés.
Nous sommes un peuple un."
"Sioniste ! Antisioniste !" Les invectives fusent, sur le ring poisseux du mauvais jour... mais lorsqu'on tonitrue, sait-on au juste de quoi l'on parle ? On verra ici volonté, courage, détermination, pragmatisme, profonde humilité, se le disputer au coeur d'un texte qui constitue un jalon historique d'une originalité saisissante et d'une importance capitale ! -
D'un écrivain l'autre, le vingtième siècle chevauché à sauts et à gambades par Cauda et Pichon.
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"Je t'écris ma dernière lettre d'Odessa. Oui, d'accord, le récit se déroule tout juste après mon arrivée, avant Natalia, les fées aux yeux bleus, la baleine de nos légendes, mon trésor ultime, ce vélo jaune que j'ai retrouvé, mon gosse au short trop grand, le train des âmes fatiguées et ma princesse polonaise. C'était avant mon retour imaginé. Ton sourire et tes baisers. Ces mots, tant attendus, "Embrasse-moi." Ton amour trop longtemps repoussé. C'était avant cette lente mutation, ce renouveau nécessaire vers le simple, le beau. Et ce parfum de guerre qui me manquait." De lettres écrites lors d'une mission en Ukraine, Patrick de Friberg a tiré un récit poignant, où le merveilleux le dispute au tragique.
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La Raison du Poème : Du Coeur - AH 2024
Collectif Revue Semestrielle
- Ardavena
- 23 Novembre 2024
- 9782494506800
La Raison du poème n'est pas une revue de poésie ; elle accueille en son sein, toute sorte de textes : récits intimistes, textes expérimentaux, dessins, photos, témoignages, interviews, extraits de romans, d'essais...
La Raison du poème est une revue contemporaine, mais, suivant la ligne d'Ardavena, ne considère nullement la contemporanéité comme l'antithèse du classicisme, l'actuel comme l'antidote du dépassé. Au contraire, ici se mêlent des auteurs des siècles passés et des auteurs vivants. -
"Comme, en parlant, ils se regardaient dans les yeux, ils furent l'un et l'autre envahis par un émoi soudain. Et le souvenir de l'heure crépusculaire, si pleine, qu'ils avaient vécue sur cette même eau sillonnée par cette même rame, leur emplit le coeur comme un flot de sang trouble ; et ils furent saisis par un brusque retour de cette angoisse qu'ils avaient éprouvée l'un et l'autre au moment de laisser derrière eux le silence de l'estuaire déjà au pouvoir de l'ombre et de la mort."
Voici en phrasés, en ondées, en soleils, à l'ombre d'ambre des pierres multiséculaires, et en musiques nobles et tarentelles de transes et d'ivresses, le roman de l'épiphanie de la clarté et du feu.
Luc-Olivier d'Algange -
Poète singulier, René Ghil cherche, à travers une élaboration formelle des plus exigeantes, à penser une langue-musique et à restituer la primitivité perdue de celle-ci au moyen d'une expression poétique qui soit instrumentaliste-vocale. Si la science est convoquée, c'est afin de faire advenir, via une réalisation moderne totalement déterminée,une remontée au sens sacré de la grande Poésie. Les textes qui composent cet ouvrage explicitent cette démarche et la resituent dans le paysage littéraire foisonnant qui l'a vue naître.
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Le camp, si animé d'ordinaire, était silencieux, presque désert. Les tentes, claires au soleil, avec le triangle noir de leur entrée ouverte, moutonnaient comme des monticules de sable. Aucune brise n'agitait les étendards, qui retombaient le long des hampes, ainsi que des linges mouillés. Des sergents dormaient par terre, dans les morceaux d'ombre.
Jérusalem au XIIème siècle : dans le royaume chrétien qu'ont fondé les croisés, le roi chrétien Amaury espère instaurer une paix durable. Mais peut-il compter sur le terrible Vieux de la Montagne ? Héros magnifiques, amours contrariées, machinations, coups de théâtre : Judith Gautier nous offre là un grand roman d'aventure. -
Le peuple juif est à la fois le peuple le plus religieux et celui qui a eu la religion la plus simple. C'est le peuple de Dieu, et ce n'est pas sans raison que l'antiquité l'appela le peuple athée. L'Ecclésiaste ne nous montre aucun pouvoir dogmatique établi, aucun catéchisme religieux, pas de prêtres enseignants, nulle idée de prophètes. Craindre, c'est à dire respecter Dien, voilà tout ; le reste n'est qu'erreur d'esprits étroits, méconnaissance des rapports de l'homme avec l'Eternel.
Quelle plus étrange relation au judaïsme que celle de Renan, de cet inimitable styliste, de cet encyclopédiste gargantuesque ? Le présent volume s'attache à montrer comment lauteur des Souvenirs d enfance et de jeunesse, comment ce monstre, comment cette démesure faite homme, a pu s'allier en tout paradoxe au fil des lectures de ses textes, tels terribles antisémites et leurs ennemis radicaux... -
"Ce que je vois, c'est ce dont la conscience prise dans l'oeuf fait un monde, un autre oeuf dans lequel elle est encore du monde et qui sait la répercuter parce qu'il est son outrance de volonté, son excès toujours reporté. Il n'y a pas, au monde, d'épuisement de la volonté : cela ne s'y rencontre pas.
Parfois, je veux bien vous comprendre, parfois je cède devant cette force qui vous est donnée d'avoir raison de tout et de moi.
Mais alors je ne cède qu'à une force, à un point de corps, à un point de votre physique de voix ou de poitrine, à votre front qui tremble avec les tempes, je ne cède qu'au portrait que ma volonté imprime à tout ce que vous êtes et que j'aime."
Printemps 1921, guerre civile russe. Demeurée seule avec sa fille après l'arrestation de son mari par la Tchéka, Zinaïda Isakovna Shadrina lui adresse les lettres d'une militante communiste que le cours de la révolution interroge. Du Chagrin voit ainsi se croiser les réflexions politiques, philosophiques et amoureuses d'une captive de l'Histoire en marche.