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Editions De Juillet
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Documenter la réalité de jeunes du monde est un geste courant dans la photographie contemporaine. Cependant, peu d'auteur·trices y arrivent avec la retenue empreinte de délicatesse de Julien Daniel. Ses photographies n'ont pas pour seule prétention de raconter ce qu'elles nous montrent ; elles donnent à voir des histoires intimes, portées par un réalisme sans artifice, dans un contexte sociétal prégnant. Toutes et tous nous regardent frontalement, sans détour, et nous questionnent tout en s'affirmant. Par-delà les frontières, nous voyons des jeunesses singulières, mais habitées par les mêmes préoccupations intrinsèques.
Débutée en février 2020, cette série de photographies est consacrée à la génération Z, celle des enfants de Julien Daniel, née autour de l'an 2000, qui a eu 20 ans au début des années 2020.
Étant donné l'ampleur potentielle d'un tel sujet, le photographe a choisi de limiter son travail à cinq pays dans lesquels les dirigeants (présidents ou premiers ministres) sont restés au pouvoir ces deux dernières décennies, marquant de leur empreinte l'histoire et la société de leur pays : la Russie de Vladimir Poutine, l'Allemagne d'Angela Merkel, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, le Rwanda de Paul Kagame, et l'Israël de Benyamin Netanyahou... Ce travail documentaire est accompagné d'interviews de certains de ces jeunes sur des questions de politique et de société.
Comment vit-on dans ces pays lorsqu'on a 20 ans, quels sont ses projets, ses aspirations ? En choisissant ces cinq pays, il est également apparu qu'ils représentaient d'une certaine manière une photographie de l'histoire du xxe siècle.
Le livre De Julien Daniel est accompagnée d'une post face d'Irène Jonas, photographe et sociologue.
Bio Julien Daniel
Photographe indépendant depuis 1997, Julien Daniel fait partie pendant 10 ans de l'agence l'Oeil Public avant d'intégrer, en 2008 l'équipe des photographes de l'agence MYOP. Ses travaux de commande sont régulièrement publiés dans la presse et ses projets personnels ont été régulièrement primés et exposés. En plus de son activité de photographe, il est depuis 2016 responsable de la filière photojournalisme/ reporter-photographe à l'EMI (École des métiers de l'information), à Paris. -
Olivier Jobard et sa femme, la réalisatrice Claire Billet, ont
photographié et filmé l'exil de Ghorban, jeune Afghan qui a fui son pays pour
rejoindre la France en 2010. Ils l'ont accompagné dans la construction de sa
nouvelle vie, sur une période de huit ans. Il est devenu leur filleul
républicain. En août 2021 Ghorban a retrouvé ses quatre frères et
soeurs Aziza, Sima, Mehrab et Sohrab, rapatriés en France au moment
de la prise de pouvoir des Talibans. Les quatre jeunes Afghans ont
noué une relation joyeuse et spontanée avec les deux derniers enfants de Claire
et Olivier qui ont quatre et trois ans. Ils ne parlent pas la même langue mais
se comprennent. Olivier les a photographié avec le sentiment confus
que sa famille continuait de s'agrandir. Il est alors parti en
Afghanistan à la recherche des proches et des lieux restés chers à leurs coeurs
afin de construire l'album de famille qu'il n'ont pu emmener.
Notre famille afghane, raconte toute cette histoire.
La photographie d'Olivier Jobard est juste, son regard est en
accord avec sa personnalité. Ici, pas de fioriture, une image
directe qui raconte avec tendresse une histoire de famille. À ce moment de sa
vie, son travail de photographe est entré en collision avec sa vie privée et
cette fois il a choisi de ne pas ranger son appareil.
« Qu'allait-il advenir de ces quatre jeunes en France et de nous, tous ensemble
? En quoi pourrons-nous faire famille ? Pour la première fois, j'ai voulu donner
à voir et interroger l'exil par le prisme de mon intimité partagée, avec
pudeur. » Biographie Olivier
Jobard est né en 1970 à Paris. À 20 ans, il intègre l'école Louis Lumière puis
l'agence Sipa Press. En 2000, il se rend à Sangatte où il rencontre des exilés
afghans, tchétchènes, irakiens, bosniaques... De leurs échanges dans ce dernier
caravansérail est née l'envie d'étudier les questions migratoires. Olivier prend
la route clandestine en 2004 avec Kingsley depuis le Cameroun. Elle dure six
mois. En 2011, il traverse la Méditerranée depuis la Tunisie avec Slah. En 2013,
il entreprend un périple depuis l'Afghanistan jusqu'en France avec Luqman. En
2015, il accompagne Ahmed et Jihane, un couple syrien, à travers l'Europe. Olivier garde un attachement particulier à l'Afghanistan depuis la fin des
années 90. Il s'était rendu dans le Panjshir à la rencontre du Commandant
Massoud et dans l'Ouest afghan, sous le premier régime Taliban.
A Paris, en 2010, Olivier rencontre Ghorban, un clandestin afghan
de 13 ans et entreprend de documenter son intégration française, sur une période
de huit ans. Devant un Ghorban prolixe, Olivier passe instinctivement son
appareil photo en mode vidéo. Depuis, en parallèle de sa photographie, il
réalise des films documentaires. Olivier Jobard est aujourd'hui
membre de l'agence MYOP. 200 pages Photographies couleurs Couverture souple reliure suisse -
La disparition Annette Zelman Eté 1942
Jacques Sierpinski
- Editions De Juillet
- 8 Juin 2024
- 9782365101233
Un secret de famille sur fond de délation pendant l'Occupation allemande, un amour rendu impossible par le racisme et la lâcheté... La Disparition de Jacques Sierpinski est un beau livre de photographies, de documents et de dessins qui rend hommage à Annette Zelman, jeune artiste prometteuse fauchée par la barbarie. Dès son plus jeune âge, Jacques Sierpinski était à la fois intrigué et horrifié par le destin d'Annette Zelman, cousine germaine de son père. On en parlait parfois à la maison, sans trop s'étendre sur le sujet de peur de réveiller de mauvais souvenirs... Annette avait tout juste 20 ans lorsque son destin d'artiste bascula dans l'horreur. Jeune femme libérée, en avance sur son temps, inconsciente des périls qui attendaient les juifs dans cette période noire de l'Histoire que furent l'Occupation et le régime de Vichy, Annette tomba amoureuse d'un jeune et brillant poète dadaïste du nom de Jean Jausion. Ce dernier et Annette, originaire de Nancy, désiraient se marier, malgré l'opposition de la famille Jausion.Devant l'obstination de son fils, le père, Hubert Jausion, médecin renommé, voyant que rien ne pourrait empêcher leur mariage, décida d'alerter les autorités allemandes et, en haut lieu, Theodor Dannecker, chef de la Gestapo et principal artisan de la déportation des Juifs de France. La suite, la famille l'apprit en 1961 par les écrits de l'historien Henri Amouroux ; Annette fit partie du convoi n° 3 à destination d'Auschwitz. Pendant quatre ans, Jacques Sierpinski a réalisé un travail photographique et plastique sur les traces d'Annette, collecté les archives et les photographies familiales, ses dessins et ses poèmes, consigné les témoignages et souvenirs de sa cousine Michèle, dernière survivante de la fratrie.
Jacques Sierpinski est photographe indépendant depuis 1978. Il vit à Toulouse et mène une recherche personnelle sur le territoire et la mémoire, avec des travaux au site d'Angkor (Cambodge), ou sur les sites des batailles napoléoniennes. Laurent Joly, chercheur et historien spécialiste de l'antisémitisme durant le régime de Vichy signe une postface qui place l'histoire tragique d'Annette dans son contexte. La Disparition est un projet soutenu par la Fondation pour la mémoire de la Shoah. -
Guy le Querrec : Portal au fur et à mesures
Jean Rochard, Guy Le Querrec
- Editions De Juillet
- 16 Mai 2023
- 9782365101103
Au fur et à mesures est la rencontre de deux géants?; celle de Michel Portal, immense musicien - jazz, classique, contemporain - et Guy Le Querrec, photographe historique de l'agence Magnum.
1964. Guy a juste 23 ans lorsqu'il photographie pour la première fois Michel, alors sideman dans un orchestre de bebop. 47 ans plus tard, en 2011, Le Querrec prendra sa dernière image de Portal. Entre ces deux instants fixés sur pellicule, un long compagnonnage teinté d'amitié prendra vie. De New York à Paris, de Minneapolis à Arles, les deux compères vivent leurs brillantes carrières aventureuses sans jamais vraiment se quitter.
Jean Rochard, producteur, fondateur de la maison de disques nato et vieux complice des deux protagonistes, accompagne de ses mots cette épopée photographique, tissant en filigrane une histoire intime de la musique libre du dernier quart du XXe siècle.
Bernard Perrine, journaliste, enseignant et photographe, correspondant de la section de photographie de l'Académie des beaux-arts, signe la préface. -
En 2020, la Ville de Clermont-Ferrand et l'Hôtel Fontfreyde - centre
photographique invitaient Patrick à réaliser un travail sur les mutations
urbaines en cours dans la capitale auvergnate. Le travail a été ralenti
par la crise sanitaire et ses interdits ; le temps des repérages s'est
prolongé. Pour un photographe, la différence entre une résidence et une
commande, c'est celle entre un vaste horizon et un confinement.
En résidence, l'artiste s'imprègne des lieux, sans autres limites
que celles de sa vision et de sa créativité. C'est un espace de liberté
où l'inspiration se déploie, où les rencontres et les hasards fabriquent
des images plus expérimentales. [...] J'aime écouter Patrick parler
des architectes, citant avec gourmandise leurs noms comme s'il
s'agissait de grands cuisiniers, parlant de tel ou tel projet comme
d'une bonne bouteille de vin ou évoquant tel grand chantier comme
une table étoilée référencée au Michelin. Patrick est un des rares
photographes à avoir réussi à créer une passerelle naturelle entre
ses travaux de commandes et ses recherches personnelles, car pour lui,
les deux se complètent et se nourrissent, pour le meilleur.
Extrait du texte de François-Nicolas Lhardy,
directeur de l'Hôtel Fontfreyde - Centre Photographique
à Clermont-Ferrand.
Le sujet photographié est le produit de l'action des hommes, vestige souvent ignoré parce que non-visible de tout un chacun. Ruine de l'empire contemporain où les pierres mutilées sont les balafres de notre histoire. Cette résistance de la mémoire peut être esthétique si l'on respecte son esprit. Je trouve souvent une vision romantique dans ces traces laissées par l'industrie humaine. Une sorte d'archéologie contemporaine. Une archéologie de l'attention et de la fragilité, du temps court, des bâtiments anodins, sans caractères particuliers, mais qui révèle un intérêt si on les observe avec attention. Ces espaces sous tension sont les témoins de leurs époques, ils ont gardé les cicatrices les tatouages de générations d'hier. Tout est question de perception.
Il me plaît de retrouver les signes envoyés
d'une génération à une autre, des marqueurs
qui attestent le passage du temps.
L'architecture est ici l'emblème du pouvoir
de la mémoire, celle qui s'efface délicatement,
disparait petit à petit, mais qui résonne encore.
Un délicat compromis avec le passé aussi fragile
que variable. Et voilà que se pose la question
de la représentation de la puissance, tout autant
que j'interroge l'identité de ces lieux qui ont tant
influencé l'histoire et le territoire de Clermont-Ferrand.
Extrait du texte de Patrick Tourneboeuf -
« Je suis courage » est né sous l'impulsion de Joseph Aimard, étudiant et bénévole au Secours catholique. Ce travail photographique s'inscrit dans un mouvement par-delà les frontières, un mouvement d'errance dans un Paris de contrastes : on y croise des visages, dans des lieux tantôt reconnaissables et touristiques, tantôt mystérieux et intimes.
Ce travail a été réalisé à l'aide d'appareils argentiques jetables utilisés par huit photographes migrants qui racontent leurs quotidiens, leurs solitudes, leurs combats et leurs espoirs. A ces images ont été associés des mots, choisis par les photographes pour illustrer ce qui les frappe, les amuse, les habite et les incite à appuyer sur le déclencheur. Ce qui unit la pluralité de ces narrations est bel et bien un jeu de contradictions : la détresse du mal-logement, de l'exclusion et de la précarité se pose face au calme et au silence du refuge. Étrangers en France selon la loi, ils s'approprient pourtant le territoire qu'ils photographient et en deviennent de la sorte une partie intégrante. Submergés par d'interminables et impersonnelles démarches administratives, ils retrouvent une voix et une singularité dans la création artistique. Freinés par le besoin et la pauvreté, par l'irrégularité de leur situation juridique, par l'incertitude qui caractérisent leur futur, ils se projettent vers l'avant, malgré l'assurance des difficultés à venir. Ce livre âpre et emprunt de tendresse, par le biais d'un regard franc et nouveau, met en lumière ce que la distance, linguistique, culturelle, sociale, empêche souvent de saisir dans la réalité de l'exil. Il témoigne du déracinement raconté par ceux qui le vive.
Le collectif « Cèdre Photographe » est né en Janvier 2022 d'un projet de témoignage visant à mettre l'outil photographique au service de personnes exilées. Cette initiative, proposée par Joseph Aimard, a été mise en place avec le concours du Centre d'Entraide pour les Demandeurs d'asile et les Réfugiés, une antenne du Secours Catholique dans le 19ème arrondissement de Paris. Le collectif compte aujourd'hui huit membres : Harouna S., Khalid M., Mamadou Lamine D., Ousmane B., Riadh D., Richard C., Seydou D. et Tidjane D.* -
Fruit d'un travail de terrain mené depuis des années auprès des bouquinistes des quais de la Seine, l'album rassemble des entretiens, des textes historiques et des photographies sur cette profession.
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En 1971, Alain Keler, 26 ans, arriva aux États-Unis, par amour, pour rejoindre une Américaine rencontrée lors d'un voyage en Asie. Un aller simple pour New York et un attaché-case de ses photos sous le bras, il y rencontra John G. Morris, légendaire directeur de la photographie du New York Times, pour qui le travail du jeune photographe n'est pas « very exciting », mais qui l'invite néanmoins à rester en contact avec lui. Vingt-six ans plus tard, c'est le même homme qui l'appellera pour lui dire qu'il est le lauréat du Prix W. Eugene Smith - le plus prestigieux prix remis à un photojournaliste, et dont Alain est l'un des seuls Français, avec Gilles Peress en 1984, à être titulaire. Alain Keler photographie sur son temps libre la ville à hauteur de foules, dans les rues de New York ou de Washing- ton lors de la seconde investiture de Richard Nixon, entre protestations et célébrations. Son regard s'aiguise sur la ville américaine avant son retour en France et son passage à l'agence Sygma.America Americas est une oeuvre retrouvée. Certains néga- tifs n'ont été développés pour la première fois qu'à la fin des années 1990 et d'autres uniquement l'année dernière. Cet ouvrage invite à se plonger dans les images d'un jeune passionné qui deviendra le photographe que l'on sait. Texte extrait de la présentation de l'exposition à la galerie Fisheye (Paris)Alain Keler a couvert de nombreux événements dans le monde (Moyen- Orient, Amérique centrale...) pour l'agence Sygma. Il est lauréat en 1986 du Grand Prix Paris Match du photo- journalisme pour son reportage L'Éthiopie sous la pluie et du World Press Photo dans la catégorie nature. Devenu photo- graphe indépendant, son travail personnel sur les minori- tés dans l'ex-monde communiste lui a valu le prestigieux prix W. Eugene Smith en 1997. Il a collaboré avec de nombreux maga- zines français et étrangers dont Géo, Time Magazine, Newsweek, L'Express, Marie-Claire.Membre de l'agence MYOP, il a publié en 2018 un livre qui retrace l'ensemble de sa carrière, Journal d'un photographe, aux Éditions de Juillet.
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Troisième ouvrage de Stéphane Mahé aux Éditions de Juillet, Mood est un témoin d'opportunités furtives qui leur donne un air d'éternité. C'est une expérience universelle, dans laquelle l'émotion est un langage commun, une sorte d'espéranto composé de scènes intemporelles, mystérieuses et oniriques, indépendantes les unes des autres tout en appartenant à un ensemble cohérent qui apaise et poétise nos âmes?; une parenthèse qui s'ouvre et se referme, offrant à chaque nouvelle lecture des sensations renouvelées.
«C'est la nuit.
Qui fait la lumière.
Quand elle se répand.
Comme de l'eau sur la plaine.
Dans le regard.
C'est la nuit.
Qui fait le rêve.
Quand il nous réveille d'un cauchemar.
Par un rêve.
Où vont-elles.
Que font-elles.
Que regardent-elles.
Par quels paysages sont-elles regardées.
Par quels souvenirs sont-elles traversées.
Quand elles regardent et que nous les regardons.
Regarder».
(extrait) -
Les agences photo : Une histoire française
Françoise Denoyelle
- Editions De Juillet
- 26 Juin 2023
- 9782365101127
Les agences de photographie se sont ouvertes dès le début du xxe siècle pour ne cesser depuis de croître, de se diversifier, de se spécialiser. Agence de presse, agence d'illustration, agence de photographes, inconnues comme Rap ou célèbres comme Magnum Photos, elles sont l'outil indispensable à la diffusion des photographies, au regard sur le monde en images. Leur histoire avait été jusqu'ici ignorée des historiens de la presse, et ceux de la photographie n'ont retenu que deux d'entre elles pour des études de fond?; quelques ouvrages consacrent leurs pages aux photographes du staff de l'agence et à leurs icônes, et passent brièvement sur son histoire.
Pour la première fois, l'historienne Françoise Denoyelle propose un récit complet de l'histoire des agences photographiques en France. Elle brosse le tableau de l'évolution de la photographie de reportage à travers ses années phares et celles de crises, et reconstitue l'histoire de 85 agences de 1900 à nos jours. Elle retrace leur constitution, fait revivre les hommes qui les ont animées, analyse le rôle qu'elles ont tenu dans l'histoire de la presse et les raisons de leur déclin ou de leur pérennité.
Enfin, elle a rassemblé dans un répertoire plus de 350 agences qui, à un moment ou à un autre, ont diffusé des photographies. Un index de l'ensemble des photographes cités propose un outil essentiel. Cet ouvrage se présente comme un livre de référence à l'usage de tous ceux qui s'intéressent ou travaillent dans le secteur de la photographie patrimoniale. -
1973. Après deux années passées à New York (America, Americas - New York, Éd. de Juillet, 2021), Alain Keler reçoit sa première commande photographique. Un éditeur américain le missionne pour réaliser des images d'illustration sur le continent sud-américain. Au cours de ses deux voyages, le jeune Alain appréhende ce métier qu'il désirait tant pratiquer. Mexique, Vénézuela, Guatemala, Chili, Argentine, Pérou, Porto Rico... son long périple l'amène à croiser - déjà ! - les grands événements et les gens ordinaires qui les vivent. Lorsque les clichés commandés sont dans la boîte, le photographe réalise des images plus personnelles, en continuité avec sa pratique new yorkaise, des images à la sauvette, ancrées dans le quotidien, avec son regard empreint d'humanité et d'empathie. Le deuxième volume d'America Americas retrace les premiers pas de photographe professionnel d'Alain Keler. C'est au cours de ces deux voyages sud américains qu'il est contacté par l'agence Sygma, qu'il intégrera en 1975 pour mener la carrière que l'on sait. Alain Keler a couvert de nombreux événements dans le monde (Moyen-Orient, Amérique centrale...) pour l'agence Sygma. Il est lauréat en 1986 du Grand Prix Paris Match du photojournalisme pour son reportage L'Éthiopie sous la pluie et du World Press Photo dans la catégorie nature. Devenu photographe indépendant, son travail personnel sur les minorités dans l'ex-monde communiste lui a valu le prestigieux prix W. Eugene Smith en 1997. Il a collaboré avec de nombreux magazines français et étrangers dont Géo, Time Magazine, Newsweek, L'Express, Marie-Claire. Membre de l'agence MYOP, il a publié en 2018 un livre qui retrace l'ensemble de sa carrière, Journal d'un photographe, aux Éditions de Juillet.
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Comment témoigner de l'expérience d'un urbanisme
responsable capable d'assurer le travail et le bien-être
deshumains, d'améliorer les rapports sociaux dans un
cadre enpréservant l'environnement.
Abordant un territoire en mutationprofonde,
Jean-Christian Bourcart nous propose une mise
en perspective historique - passé, présent, futur -
mélangeant desimages d'archives, des photographies
contemporaines (activitésagricoles, culturelles,
industrielles) et des images produites parles algorithmes
d'intelligence artificielle.
Dans cemélange de photographies, il nous propose
une vision kaléidoscopiquede ViaSilva à travers des
portraits et détails de la vie quotidiennequi évoquent,
documentent et interrogent notre expériencehumaine
du territoire.
Les images produites sontpoétiques, fantastiques,
oniriques, où le végétal et l'humain secombinent dans
une danse visuelle qui ouvre le champ du réel versun
imaginaire riche et délirant de créativité.
ViaSilva,un nouveau quartier sort de terre au milieu des pâturages.
Unquartier aux allures de futur. C'est magique une ville sans histoire
aucune, sans tradition, sans passé, qui apparaît là où paissent encore
les vaches.
Je parcours la campagne aux alentours, vibrant dela vie printanière.
Je m'enfonce dans les parkings d'immeubles enconstruction, je visite
les entreprises high tech, je discute avecdes ingénieurs, je regarde
les enfants jouer, j'observe l'agencementdes choses et des gens.
C'est un travail simple d'enregistrement dema présence
à ce moment-là. Puis je modifie certaines images avecdes outils
de remplissage génératif qui utilisent l'intelligenceartificielle.
Ces outils de manipulation/transformation des images,contemporain
de la conception et la construction de ViaSilva, ontdéjà des variantes
qui gèrent nos itinéraires, nos loisirs, nosmémoires, nos amours
parfois, et sont déjà en train d'imaginer notrefutur.
Extrait du texte de Jean-Christian Bourcart.
Pour chaque nouveau sujet qu'il aborde, Jean-Christian Bourcartraconte des fragments
d'histoires du monde contemporain endéveloppant une écriture qui mêle à des degrés divers
enquête,expérience personnelle et invention formelle. Par l'utilisation de plusieursmédium
(photographie, vidéo, cinéma, écriture), il proposer unevision kaléidoscopique qui évoque,
informe et interroge notreexpérience humaine, et pour laquelle les images sont traversées par
l'emploi de différents supports et dispositifs changeants et pourtant habitéspar les mêmes
idées : tension, clandestinité, confrontation,saturation, mouvement, révélation. -
Spettri di Famiglia est une quête fièvreuse. Celle d'un photographe de renom, la quarantaine passée, prenant connaissance de ses origines napolitaines. Il s'ensuivra de multiples voyages qui, à défaut de vérité, nourriront un récit auto- fictionnel empreint de poésie noire. « Ce sont des images charbonneuses, enfouies depuis des lustres, puis lentement remontées des galeries profondes de la mémoire, ces endroits dédiés au pire et où l'on n'aime guère trainer. Ces images sont l'obscur récit d'un abandon, la fin brutale d'une enfance française , tranchée au hachoir. Un soir, à la fin des vacances, un père dit à Charlotte, sa fille d'une dizaine d'années, «on ne peut pas te ramener avec nous, il va falloir que tu restes ici». Et ici c'est l'Italie, c'est Naples, l'étran- ger, le bout du monde et pour une enfant, sans ses parents, la fin de tout. Et ce tout s'est joué sans explication, hors de la raison, du bien comme du mal. Simplement , la foudre du malheur s'est abattue, un soir d'été, à la fin des vacances. » Extrait du texte de Jean-Paul Dubois, prix Goncourt 2019 Ulrich Lebeuf, né en 1972, est un photographe français. En mai 2016, il reçoit le prix Jean-Dieuzaide, décerné par l'Académie des arts de Languedoc, qui récompense le travail du photographe, non seulement pour son rôle de témoin lors de grands événements via ses clichés pour la presse française et internationale, mais aussi pour son engagement dans la promotion de la photographie, en tant que directeur artistique. Membre de l'agence MYOP depuis janvier 2007, ses travaux sont publiés dans Le Monde, Libération, The New York Times ou des magazines comme Grazia, VSD, Géo, M Le Monde... En parallèle à son travail pour la presse, il poursuit des travaux photographiques plus personnels, dans lesquels il emploie des techniques proches de l'art pictural.
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Fils d'artisan, Mathurin Méheut (1882-1958) est fasciné par tous les savoir-faire et représente inlassablement les petits métiers de Bretagne. Du croquis au panneau de décor, ses oeuvres dialoguent dans cette nouvelle exposition avec des créations contemporaines revisitant le répertoire des techniques et matières traditionnelles. S'il est un sujet qui inspire très tôt Méheut, c'est bien celui de l'activité manuelle. En tant que fils d'artisan, il apprécie la beauté du geste et l'ingéniosité de l'outil. Il réunit au fil du temps un important corpus de dessins et croquis d'artisans au travail. Conscient des mutations en cours de la société bretonne et de la valeur patrimoniale de certains modes de vie traditionnels, il veut conserver la mémoire de leur geste. A l'époque de Méheut, ces modestes artisanats ruraux relèvent des arts et traditions populaires. Or, on assiste de nos jours à une valorisation du savoir-faire artisanal traditionnel et de la matière brute. Les nouveaux créateurs détournent, réinventent, expérimentent autour de la matière, du geste, de l'usage et de la forme. Associée aux dessins de Méheut, chaque création contemporaine témoigne à la fois d'une permanence, d'une évolution et d'une mutation des gestes et des matières. L'artiste nous montre souvent des objets utilitaires en cours de création dans ses dessins. Ces derniers, mis en regard avec des créations contemporaines de dimension expérimentale ou esthétique, sans fonctionnalité précise, nous en disent beaucoup sur ce siècle d'histoire qui les sépare. Extrait du communiqué du musée.
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Un voyage photographique en France rassemble trente récits photographiques sur notre territoire réalisés par trente photographes qui ont quadrillé l'hexagone à la rencontre des territoires et de leurs habitants.
La paysannerie, l'école, la marche, la migration, la santé mentale, la danse, le handicap, la musique classique, les centrales nucléaires... la diversité des sujets et des écritures photographiques font de cet ouvrage une objet éditorial unique !
Le Bal des Rejetons n'est pas un collectif ordinaire ; il s'est constitué en réponse au désarroi ressenti par 30 photographes face à un échec, celui de n'avoir pas été retenu lors d'une grande commande institutionnelle. -
Vers 1975, un jour, deux hommes, un instituteur et un agriculteur, creusent un puits dans la terre d'une ferme bretonne nommée « Bourlinguette ». Epuisés, ils s'arrêtent, s'essuient le front et s'appuient sur leurs pioches. L'un dit : « Bon dieu, quel cirque ! » et l'autre répond : « Un cirque ce serait plus drôle ! »L'idée fait son chemin:un cirque, pourquoi pas? Ils construisent une roulotte, trouvent un cheval et rameutent quelques copains... Et un beau jour, un convoi insolite s'ébranle:le cheval, la roulotte, le triporteur, la mobylette, la remorque, les vélos et une dizaine d'artistes.En offrant une seconde vie à l'oeuvre photographique de Bernard Lesaing parue en 1981, cette réédition souhaite inscrire celle-ci dans une autre temporalité, et ainsi la partager avec un public nouveau. Partager bien-sûr la qualité esthétique, poétique et documen- taire de ces photographies, mais également l'envie irrésistible de remettre en lumière, quarante ans plus tard, une aventure humaine et artistique hors du commun.Créé par Paul Roulleau, agriculteur poète et vision- naire, le Cirque Bidon emporte sa tribu, son imagi- naire et son langage bien au-delà de ce qu'il pouvait imaginer lui-même au tout début de son aventure. Combien d'artistes de cirque ou de rue ont-ils un jour décidé de prendre la route après avoir croisé les roulottes et les chevaux du Cirque Bidon au détour d'un chemin? Touchés par l'anachronisme et l'au- dace de la démarche tout autant que par la chaleur humaine de cette bande d'artistes haute en couleurs, combien de circassiens en herbe ont-ils rêvé au fil des pages de ce livre devenu rare, et par là même presque mythique ?La réédition de cet ouvrage prend tout son sens dans cette invitation à (re)découvrir une histoire bien réelle faite d'amitié, de désirs, de convictions et d'uto- pies. Celle de jeunes gens qui, empruntant un chemin radical sans pétrole ni électricité ni propriété, n'ont certes pas changé le monde, mais en ont assurément inventé un, ici sous le regard sensible d'un jeune photographe.
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Depuis plus de 20 ans le photographe Ulrich Lebeuf couvre les événements sociaux pour la presse française ou étrangère. Ces dernières années nous avons pu constater la montée d'une violence sociale extrême avec des nouveaux territoires d'affrontement nommés ZAD, ou encore dans les rues de France depuis novembre 2018.
Ces derniers événements ont obligé le photographe de presse à remettre en question sa photographie pour ne plus informer, mais questionner par un travail plus subjectif et sombre. Ses couleurs - le gris et le noir - fondent les hommes au décor d'un théâtre du mal-être, fantômes vivant cette terre comme leur tombeau.
Cette série oscille entre l'essence de la photographie et l'existence d'une vision mentale du chaos, un état perpétuel de surgissements et de disparitions, en actualisant un réel virtuel plutôt qu'en reproduisant un réel tangible. -
A la moindre tempête, Teresa a les pieds dans l'eau. A lamoindre tempête, Mahjoub voit le sable s'immiscer dans sa chambre. En Floride,dans le désert de Mauritanie et partout dans le monde, les impacts dudérèglement climatique sur l'océan déstabilisent les écosystèmes et les êtreshumains qui en dépendent. C'est l'effet boomerang !Â
Canicules marines, acidification, désoxygénation, ralentissement des courantsmarins, montée des eaux... Le nouvel ouvrage du Collectif Argos explorecomment ces phénomènes climatiques complexes bouleversent des vies dans lemonde entier. Du Mexique à la Bretagne, de l'Espagne au Marais poitevin, lesjournalistes relatent les histoires de prises de conscience indispensables, deluttes engagées et de solutions timides. Nous perturbons le climat, quiimpacte l'océan. Et tout cela nous revient, comme un boomerang.
L'effet Boomerang, le projet du Collectif Argos, se décline en dixséries documentaires
textes et photos en France, dans les Outre-Meret à l'international, donnant lieu à des publications
presse, à uneexposition pour la Conférence des Nations Unies pour l'Océan à Nice en juin2025.
Puits à carbone, véritable poumon dela planète, l'océan a toujours joué un rôle primordial
dans larégulation du climat. Mais aujourd'hui, c'est le climat qui le dérègle. Pertede
biodiversité, fonte des glaces, augmentation de la température...le réchauffement
climatique a des effets dévastateurs sur l'océan.Et donc sur les humains ! Car cette
incroyable étendue d'eau quirecouvre 71% de la surface du globe nous apporte des services
essentiels. Des services menacés.
Avec ce livre Noussouhaitons mettre l'océan au centre des enjeux écologiques et donner à voir auplus grand nombre les impacts du réchauffement climatique sur l'océan. Notreéquipe de neuf journalistes et photojournalistes a réalisé une grande sériedocumentaire, enquêtant sur cinq grands enjeux :
Montéedes eaux aux États-Unis, dans le Marais Poitevin et en Martinique
Acidification au Mexique et à Brest
Désoxygénation en Espagne et enOccitanie
Dérèglement de la circulation océanique en Mauritanie etdans les Hauts-de-France
Réchauffement océanique en Polynésie
Chacun de ces grands impacts est traité par le biais de sesconséquences sur les écosystèmes et sur les êtres humains, à travers un sujetphare international et un sujet écho dans l'hexagone. Le Collectif Argos montreainsi, en racontant des histoires humaines et en s'appuyant sur les éclairagesdes scientifiques du climat, tout ce que l'homme risque de perdre et a déjàperdu.
Exemples de sujet
-Dérèglement de la circulation océanique en Mauritanie
Perturbationsde l'océan... et le désert avance
Le changementclimatique perturbe les courants marins. Le ralentissement de l'Amoc, leprincipal ensemble de courants de l'Atlantique Nord, pourrait avoir desconséquences désastreuses même dans des zones éloignées de la mer, comme auSahel, en provoquant davantage de sécheresses. En Mauritanie, Chinguetti a déjàcommencé à être envahie par le sable. Les habitants doivent se battre contre desdunes menaçant leurs maisons... et les manuscrits de leurs bibliothèquesfamiliales datant parfois du XIe siècle.
Quand ils ontvoulu se sédentariser à Chinguetti, les parents de Mahjoub Abdoulaye ont d'abordplanté leur grande tente. Puis ils ont construit un petit cube en béton pour lacuisine, un abri pour les cinq chèvres, et enfin, un autre petit cube pouvantcontenir un matelas une place : une vraie chambre pour Mahjoub. Il peut s'yretrouver seul, à vadrouiller sur les réseaux quand il a du crédit, comme unjeune Mauritanien de 22 ans. Le problème : le sable qui s'amoncelle sur le basde son unique fenêtre. A l'intérieur. La dune dépasse le haut du carreau deverre et s'immisce peu à peu dans la chambre de Mahjoub.
Avant 2017,personne n'imaginait que le sable pourrait envahir ce quartier de Chinguetti.Aujourd'hui, Mahjoub doit régulièrement déterrer l'ouverture du réservoir d'eau,ou
l'entrée de la cuisine. Et lorsque les tempêtes soufflent un peutrop fort, le jeune homme se réveille coincé dans son cube de beton, la portebloquée. Mais Mahjoub n'abandonnera jamais. C'est chez lui.
-Désoxygénation en Espagne
Espagne : la Mermineure en pleine asphyxie
Dans la région de Murcie, ausud-est de l'Espagne, la plus grande lagune méditerranéenne connaît depuisquelques années le taux de mortalité d'espèces marines le plus élevé de sonhistoire. En 2019 puis en 2021, des tonnes de poissons ont été retrouvés morts àla surface de l'eau, pris dans des poches d'anoxie. Alors que la Mar Menor est àla limite d'être considérée comme une « zone morte », citoyens et scientifiquestentent une dernière fois de la préserver.
Pour tenter de conserverl'écosystème atypique de la Mar Menor, une équipe de chercheurs s'est lancéedans une opération de la dernière chance : créer une banque d'espèces. Àl'aquarium de l'université de Murcie, le directeur, Emilio Cortés Melendreras etson équipe de recherche élaborent des protocoles d'élevage en captivité deplusieurs espèces de la Mar Menor pour leur conservation, dans l'espoir de lesréintroduire un jour dans la lagune. Au départ, ils travaillaient sur larestauration des coraux en milieu tropical, mais l'état de la lagune était sipréoccupant qu'Emilio a décidé de réorienter les recherches dulaboratoire.
Avec ce projet, il espère « gagner du temps » etréintroduire ces espèces une fois que les
gouvernements régionaux etcentraux auront mis en place des politiques publiques d'ampleur pour rendre à laMar Menor ses conditions optimales.
Le Collectif Argosrassemble des grands reporters, journalistes et photojournalistes récompenséspar de nombreux prix internationaux. Créé en 2001, il soulève à chaque nouveauprojet de grands enjeux environnementaux et sociétaux, en dénouant les fil tenuset enchevêtrées qui lient l'humain à la nature.
Ses sériesdocumentaires, à l'image de Réfugiés Climatiques, Empreinte, Amer et aujourd'huiOcéan et climat, le boomerang, marquent les grands événements internationauxavec des expositions et projections phares. Chaque projet a touché plus de 50millions de personnes grâce à une diffusion presse et télévisuelle, à desexpositions itinérantes, à un site internet dédié et à un ouvrage éponyme.
Les membres du Collectif Argos sont des journalistes reconnus au niveauinternational et diffusent leurs reportages dans des médias du mondeentier. -
1975, Madrid. À la mort de Franco, le roi Juan Carlos engage l'Espagne dans une processus démocratique, mettant fin à quarante années de dictature sanglante. Pour garantir un passage à la démocratie pérenne, il devra amnistier les exactions commises pendant la guerre civile et la période dictatoriale en instituant le pacte de l'oubli (el pacto del olvido). Depuis, la société espagnole est emmurée dans un silencio (silence) labyrinthique : No pasa nada, il ne se passe rien. Depuis 2016, Philippe Dollo parcourt l'Espagne à la recherche des traces de cette période trouble ; il arpente les territoires, y rencontre des témoins, les interroge et constate que dans toutes les régions, le silencio provoque une résonance particulière, intime, dans chaque famille espagnole. Tout est encore sous ses yeux, présent, douloureux, mais un voile a été jeté sur la mémoire, enfouissant les épreuves subies en les rendant taboues. No pasa Nada est une quête documentaire fragile et intime, en forme de carnet de notes, un voyage labyrinthique dans les profondeurs de l'histoire contemporaine de l'Espagne. Philippe Dollo est né en 1965 à Paris. Il travaille comme photographe free-lance depuis 1990. Après avoir vécu à New York de 1997 à 2009 où son travail a été régulièrement publié et exposé, il s'installe à Prague et enseigne pendant quatre ans la photographie à l'Institut Français. Il vit actuellement à Madrid.
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En 1996, des scientifiques écossais donnent naissance à Dolly, clone, réplique parfaite de sa mère.
Partagé entre la fascination et le trouble, Loïc Bodin prolonge l'expérience dans le champ artistique, réinterprétant le goût de l'humanité pour les monstres et les chimères.
Passant des divinités Égyptiennes aux cryptes médiévales, il fige le froid clinique des labos dans la sensualité du marbre blanc. Ses gisantes sont des belles endormies prêtes à se réveiller au baiser d'un hypothétique prince de la génétique.
Entre la gravité de Francis Bacon et la légèreté de Barry Flanagan, le travail de Loïc Bodin joue sur une corde intemporelle une partition contemporaine de la lutte entre la chair et l'âme.
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Étincelles ; entretien avec Robert Combas
Loïc Bodin, Robert Combas
- Editions De Juillet
- Rencontre
- 12 Novembre 2015
- 9782365100342
Réaliser un entretien avec Robert Combas est comme une course de Bobsleigh. Pas le temps de respirer, on est déjà embarqué dans son univers à 100 à l'heure. Les apartés en forme de poupées Russes de Robert nous embarquent dans une réaction en chaîne d'évènements qui pourraient, à première oreille, nous paraître à cent lieues du sujet abordé. Tel un chat, l'artiste retombe toujours sur ses pattes, mais après avoir visité nombre de gouttières.
Ici, il y a urgence à dire le dessin, la peinture, la musique, Geneviève (sa femme), le milieu de l'art, sa famille, son enfance, Sète, la politique, la philosophie, tout doit y passer.
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Sahara Rocks ! nous parle de ces musiques sahariennes d'aujourd'hui, rock, blues, qui sont les bandes originales de l'errance des populations du grand désert, de leurs fêtes, de leurs combats et le meilleur visa pour que leurs cultures puissent franchir les frontières.
En photos et textes, l'auteur nous emmène en voyage avec ces femmes et ces hommes, pour partager avec nous ce qu'il a appris à leurs côtés. Il nous fait découvrir la culture « Ishumar », du français « chômeurs ». Ils ont leur style de vie, leur style musical, leur look. Ils circulent dans tout le Sahara, au gré des emplois. Avec eux, on rit beaucoup, on pratique l'auto dérision, même dans les moments graves. Ils nous parlent de la modernité de ces jeunes touaregs, arabes, songhaï, maures qui diffusent des bonnes comme des mauvaises nouvelles via Facebook et leurs téléphones portables.Un Sahara loin des mythes, bien ancré dans le XXIe siècle.
Arnaud Contreras est photographe et producteur de documentaires et reportages radio (France Culture et RFI). Il travaille depuis de nombreuses années au Sahara, en particulier avec des musiciens rockers et bluesmen tels que Tinariwen, Tamikrest, ou encore Bombino. Au travers de ses reportages et documentaires, il parle ainsi de leur musique, de leur jeunesse, de leurs combats.
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Rosa Bonheur est une peintre animalière qui connut au XIXe siècle un succès international. Elle fut ainsi l'une des artistes les plus connues de son siècle. Première femme artiste à recevoir la légion d'honneur et peu à peu oubliée de l'Histoire, elle sort de l'ombre aujourd'hui, l'année 2022 marquant son bicentenaire. Une exposition démarre au musée des Beaux-Arts dans sa ville natale de Bordeaux, puis ce sera au tour du musée d'Orsay de présenter ses oeuvres. Photographe et sociologue, Irène Jonas a séjourné dans le château de Rosa Bonheur pour capter l'atmosphère du lieu. Outre son travail de photographies peintes, elle a imaginé une correspondance avec la grande artiste ; huit lettres abordant les sujets emblématiques apparus lors des diverses lectures sur sa vie. Se promener dans le parc, c'est imaginer Rosa B. allant et venant entre les différents enclos qui abritaient animaux domestiques et sauvages pour qu'elle puisse les dessiner. Entrer dans son atelier, c'est pénétrer dans cet antre silencieux et secret en rêvant de découvrir une part du mystère de la transformation magique de la toile blanche en tableau, et de saisir l'impalpable à travers les prises de vues. Irène Jonas est photographe et sociologue. Elle vit à Paris et au Guilvinec, dans le Finistère Sud. Elle fait partie de l'Agence révélateur depuis 2016. Par ses métiers de sociologue et de photographe, l'écriture et l'image ont toujours été présentes dans sa vie professionnelle. Toutefois, elle s'est affranchie de l'écriture sociologique et du reportage photographique, afin d'élaborer une forme d'expression personnelle. Depuis une dizaine d'années, elle a axé sa recherche personnelle et artistique vers la photographie plasticienne.
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Tendrara est un village de l'Est marocain qui connut laprospérité grâce à la culture de la truffe et de l'Alfa, herbe servant dematériau à la fabrication de papiers de grande qualité.
Mais ladésertification et le dérèglement clima- tique ont causé la ruine du village etde ses habitants.
Yzza Slaoui, jeune photographe marocaine engagéepour le développement de Tendrara, a remué ciel et terre pour financer qui unepompe à eau, qui une salle de classe... C'est sur la route y menant qu'elle estdécédée il y a trois ans.
Elle nous laisse un travail sensible danslequel on perçoit la construction d'un regard empli de douceur et debienveillance. Sans sensationnalisme, elle nous invite chez les villageois etnous déambulons avec eux à leur rythme ; à la boulangerie, pendant l'Aïd, ausouk, pendant une tempête de sable...
Dès les premièrespages du livre, un paysage
désertique aride, quelques bergers,
un âne, un campement, une famille
baignant un cheval. Leshumains ne sont
pas seuls ici. Puis Yzza nous prend
parla main pour rentrer dans la ville
puis dans les maisons. J'imagineYzza aller
à la rencontre de ces espaces et de ces gens
de la même manière. Son style est calme,
son regard posé,accompagnée de son
appareil photo moyen format et de sacellule
manuelle. Les tons et les couleurs de sa
pellicule sont doux, presque atténués.
Extrait du texted'Anastasia Taylor-Lind
Sur les hauts plateauxsemi-désertiques de la région de Tigri, au sud de Tendrara, quelques nomadesrésistent encore. Les plus riches d'entre eux ne possèdent plus que quelquesdizaines de bêtes ; de maigres troupeaux de
moutons et de chèvresqui se traînent le long de routes en mauvais état, vers les rares hassi, lespuits où s'abreuver.
Le pâturage a disparu, les troupeaux ne peuventplus vivre de ce qu'ils trouvaient sur le parcours et les éleveurs sontcontraints d'acheter le aâlf, le fourrage pour les nourrir. L'orge se paie auprix fort. Ils s'endettent
pour que leurs bêtes survivent. Ilscomptent les saisons qu'il leur reste avant d'être obligés de s'établir enville. Les terres se craquellent.
La sécheresse a eu raison de lavie en communauté qui animait, jusqu'il y a encore quelques années, les plateauxde Dahra, avec des douars de nomades constitués le temps d'un rassemblement. Onn'en voit aujourd'hui
presque plus. Le tissage a quasiment disparu àcause de la pénurie de laine.
L'aridité a aussi eu raison desanimaux qui peuplaient Dahra : oiseaux, lévriers, gazelles de l'Oriental. De AïnBeni Mathar à Traride, petite agglomération disséminée non loin de Tendrara,c'est une succession de terres
stériles, là où les anciens sesouviennent d'une région belle et verdoyante, avec une faune et une flore riche.Il y neigeait en hiver et à la belle saison, pendant trois mois, on cueillait latruffe blanche.
Seuls, sans aide aucune, les nomades subissent lesconséquences du réchauffement climatique. Les tentes se rapprochent de Tendrara.S'installer non loin de la route permet de s'établir non loin d'un hassi et desubvenir aux besoins en eau de la
famille et de ce qui reste dutroupeau.
Jonchée d'épaves de citernes, de carrioles et de camionsabandonnés, la route qui était jadis celle du nomadisme n'est plus que celle del'exil, de la déchéance et de la misère, dans cette région où la pauvreté estl'une des
plus dures du pays. « Les gens ici acceptent de vivre avecpeu, mais même ce peu leur est refusé », résume Abderrahmane, ancien nomadeinstallé depuis plus de
trente ans à Traride. À l'intérieur de samaison, il a gardé une tente dressée où il lui arrive de manger et de passer lanuit. Un nomade reste nomade dans l'âme.
Extrait dutexte de Kenza Sefrioui et Hicham Houdaïfa