Maison Des Sciences De L'Homme
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Le Corps du genre : Langage, matière et non humain
Luca Greco
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Interventions
- 19 Juin 2025
- 9782735129904
De quoi le genre est-il fait? De langage? De matière? Est-ce que le genre, dès lors que l'on prend en compte le langage, mais aussi d'autres matérialités telles que les objets, les corps, la technologie, la nature, reste une caractéristique intrinsèque de l'être humain? Ou bien dépasse-t-il l'humain pour atteindre le non humain, l'au-delà de l'humain, le post-humain? Voici quelques questions auxquelles ce livre, à l'intersection d'un débat théorique et d'une actualité politique, répond.
Luca Greco, sociolinguiste et spécialiste en études de genre, s'appuie sur un matériau analytique riche et composite, constitué d'enquêtes ethnographiques à la fois autour des mouvements éco-trans-féministes, des relations entre virilité, nationalisme et alimentation, du statut du foetus dans les échographies prénatales ou dans les gender reveal parties, des campagnes contre le droit à l'avortement, et enfin d'un corpus d'interactions entre travesties et partenaires dans les espaces de rencontre en ligne.
La multiplicité des données et la richesse sémiotique prises en compte dans ce livre - langagières, corporelles, technologiques, artéfactuelles - permettent une nouvelle conception du genre, « en excès », dépassant les frontières de l'humain et du langage verbal, au prisme d'assemblages multi-matériels, humains et non humains, dont les enjeux sont d'ordre analytique, théorique et politique. -
Sexe et démocratie : De l'enjeu du consentement
Collectif
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 54
- 22 Mai 2025
- 9782735130795
Longtemps perçu comme un « contretemps » des luttes sociales (Fraisse, 2020), le féminisme s'affirme désormais comme une force politique, intellectuelle et sociale majeure, devenant l'un des moteurs principaux des transformations globales. Aujourd'hui, un axe central et structurant du débat féministe se concentre autour de la notion essentielle de consentement, ou plus précisément de la capacité et du droit à consentir. Cette notion établit un pont entre les sphères publique et privée, entre féminisme et démocratie, participant à une redéfinition de cette dernière. Dans ce contexte, les limites et la légitimité de la liberté sont repositionnées, tandis que la question de l'égalité des droits est réinterrogée.
Un champ épistémologique du féminisme, malgré ses dissensions internes, apparaît donc indispensable. Ce champ, nécessairement multidisciplinaire et transversal, doit élucider le fonctionnement historique et social de la sexuation, évaluer son impact sur les rapports de pouvoir, et analyser ses implications dans le domaine de la démocratie. Le consentement, notamment sexuel, englobe des dimensions plus larges qui interrogent profondément nos choix de société: devons-nous privilégier l'égalité ou la liberté?
Ce colloque international, organisé par la FMSH en mai de 2024, visait à recueillir des contributions éclairantes sur ces débats. Nous avons réuni un groupe d'expertes et de chercheuses dans une perspective transversale, créant des passerelles entre leurs domaines de recherche et la réflexion sur le consentement en tant qu'élément clé de notre démocratie. Les dissensions et désaccords au sein des débats féministes sur la liberté et les droits s'articulent particulièrement autour de deux questions fondamentales: la prostitution et la pornographie. Toutefois, d'autres enjeux cruciaux doivent être abordés pour envisager l'égalité des sexes et des genres dans une démocratie libérale. Quelle est la portée réelle de la libre volonté d'action et du consentement entre les sexes? Quelles en sont les implications?
Ce débat scientifique, transversal, multidisciplinaire et international rassemble des perspectives diverses et parfois contradictoires, afin d'approfondir la compréhension du consentement en tant que reflet de l'émancipation des femmes et de l'égalité des sexes dans une démocratie en constante évolution. Nous explorons les tensions et nuances encore en débat, tout en proposant des pistes pour dépasser les perspectives a priori incompatibles. L'objectif est de contribuer à une réflexion collective nécessaire pour progresser en tant que société. -
Mémoires en conflit : Points de fuite de l'Holocauste et du colonialisme
Natan Sznaider
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 17 Avril 2025
- 9782735129553
Prenant comme point de départ la polémique autour de l'historien camerounais Achille Mbembe en Allemagne en 2020, Natan Sznaider met en perspective, sous l'angle de la sociologie de la connaissance, deux récits moraux qui semblent s'exclure mutuellement. Quel événement, de l'Holocauste ou du colonialisme, constitue l'archétype des plus grands crimes de l'histoire de l'humanité ? Les mémoires européenne et non européenne semblent irréconciliables sur ce point, chaque partie revendiquant de tirer les leçons d'une histoire cruelle, et donc de se trouver du bon côté de l'Histoire. Le débat ne peut-il donc qu'être unilatéral ?
En revenant sur les penseurs qui ont marqué la réflexion sur cette question jusqu'à aujourd'hui, comme Claude Lanzmann, Frantz Fanon, Hannah Arendt et Edward Said, l'auteur entreprend de faire émerger la possibilité d'une troisième voie, au-delà de la dichotomie entre l'universalisme et le particularisme. Une voie où universaliser n'est pas relativiser les expériences particulières -
Pauvre petit blanc : le mythe de la dépossession raciale
Sylvie Laurent
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Interventions
- 24 Septembre 2020
- 9782735127054
Depuis une dizaine d'années, un nombre considérable de Blancs pensent être les nouvelles victimes d'un « racisme anti-blanc », d'une « discrimination inversée », d'un « remplacement » et pour les plus extrémistes, d'un « génocide blanc ».Ces discours, propres aux sympathisants d'un nationalisme ethno-racial, ont motivé l'élection de Donald Trump à la présidence des EU et menacent d'entériner sa réélection en novembre 2020.Dans de très nombreux ouvrages, cette crispation communautariste blanche est souvent présentée comme une réaction politique à la mondialisation néolibérale et aux inégalités nouvelles qui en résultent, à l'immigration dite « massive » et surtout au développement d'une société multiculturelle en passe d'assurer un bouleversement démographique et culturel.Pourtant, ces discours sur le « déclin » même relatif des Blancs américains ne résiste pas à l'étude des données disponibles sur l'inégalité réelle et les positions de pouvoir entre Noirs, Hispaniques et Blancs.En réfléchissant à la construction historique d'une identité nationale ethno-raciale aux EU, Sylvie Laurent démonte le nouveau mythe du Blanc victime qui a déjà traversé l'Atlantique (Brexit, par exemple) et qui invisibilise des inégalités raciales pourtant toujours criantes.Elle dévoile avec brio que ce discours est en réalité l'ultime tour de passe-passe de la domination blanche aux États-Unis, qui s'approprie la posture de l'opprimé pour préserver un ordre social chahute´ par l'élection de Barack Obama et l'activisme des minorisés.
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Voukoum : Esprits rebelles du carnaval guadeloupéen
Flore Pavy
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 17 Avril 2025
- 9782735130726
Voukoum - « désordre » en créole - est un groupe qui occupe un espace de contestation sociale et politique majeur au sein du carnaval guadeloupéen. Né à Basse-Terre en 1988, ce mouvman kiltirèl se distingue d'autres formations carnavalesques par son approche spirituelle radicale et son lien revendiqué à l'Afrique. Flore Pavy, anthropologue entrée dans le groupe comme musicienne, décrit minutieusement le Mas, le rituel de transformation et de mise en mouvement des corps de Voukoum. Elle met en lumière des processus de créativité rituelle qui permettent, tout en s'inspirant d'autres pratiques culturelles caraïbéennes contemporaines, de retrouver une sacralité africaine ancestrale.
En quoi la technique du Mas s'inscrit-elle dans l'histoire postcoloniale et évoque-t-elle la déportation et la mise en esclavage? Comment Voukoum lutte-t-il contre la société de consommation et dénonce-t-il les rapports de domination encore à l'oeuvre aujourd'hui? Quelle place ses membres confèrent-ils à la sauvegarde du patrimoine vivant, de la langue créole et, en particulier, de l'art musical gwoka?
Faisant la part belle aux témoignages des acteurs du carnaval, cet ouvrage offre une vision encore largement méconnue de l'histoire de la Guadeloupe et de la place singulière occupée par les Antilles françaises dans l'aire caribéenne. Voukoum, esprits rebelles du carnaval guadeloupéen initie le lecteur à la vie d'un collectif qui s'efforce publiquement de « reconstruire le fil rompu des liens ancestraux et toujours réinventer les récits essentiels ». -
L' Inégalité est un choix : Comment les idées, le pouvoir et les politiques creusent les écarts
Collectif
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 54
- 5 Décembre 2024
- 9782735130030
Depuis les années 1970 l'inégalité des revenus et des richesses a grimpé enflèche. Alors que les super-riches ont accaparé la grande majorité des gains de la croissance économique, la part des revenus provenant du travail a diminué. La classe moyenne a stagné et la situation de ceux qui se trouvent au bas de l'échelle s'est encore aggravée. Aux États-Unis, la discrimination structurelle persistante fondée sur la race et le genre exacerbe ces disparités économiques.Économistes, politologues, analystes, sociologues, historiens et spécialistes du droit examinent les causes et les conséquences de cette montée spectaculaire des inégalités. Ils démontrent que ce sont les institutions, les normes, les politiques et le pouvoir, et non le fonctionnement « naturel » du marché, qui déterminent la répartition des richesses et des revenus. Les auteurs soulignent lerôle des idées et des idéologies, en montrant comment l'économie néoclassique et les croyances qui y sont liées ont servi, dans les débats publics, à justifier les inégalités. L'ensemble de ces essais aboutit à une conclusion inéluctable :l'inégalité est un choix. Les règles de l'économie ont été réécrites pour favoriser ceux qui sont au sommet de l'échelle, enracinant les déséquilibres de pouvoir qui creusent le fossé entre les très riches et tous les autres. Les auteurs réexaminent les données relatives aux inégalités, étudient les politiques qui ont conduit à cette situation et esquissent des pistes pour l'avenir.
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Nymphoplastie : Coupez ce sexe que je ne saurais voir
Sara Piazza
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Interventions
- 17 Octobre 2024
- 9782735130450
Le recours à la chirurgie esthétique ne cesse de progresser, ne se cantonnant plus aux territoires qui lui sont classiquement dévolus - visage, seins, cuisses, fesses et ventre. Le sexe féminin fait partie de ces nouveaux territoires et l'offre est déjà diversifiée: des techniques médicales sont aujourd'hui proposées aux femmes dans le but d'embellir et de rajeunir leur vulve ou leur vagin, d'améliorer leur plaisir sexuel ou de satisfaire des impératifs culturels ou religieux. Parmi ces techniques, la nymphoplastie de réduction consiste à réduire la taille des petites lèvres de la vulve, à des fins esthétiques ou de confort.
Dans ce livre, Sara Piazza, psychologue clinicienne, interroge cette pratique au regard de la norme, des fantasmes et de la représentation du corps. Tour à tour sont convoqués le « sexe de petite fille » ou le « sexe net », qui renvoient à l'image infantile et évitent la confrontation à certains autres aspects du sexe féminin - la sexualité féminine comme incontrôlable et démesurée, le danger que peut représenter la vulve, le rapport au sexe maternel, et enfin la dimension de la vieillesse et de la mort.
Ce livre, entre perspective historique et écoute clinique, porte un regard psychanalytique sur une pratique encore méconnue, où sexualité, identité, et représentation se mêlent. -
Citoyennes soignantes : Guerre, femmes et fabrique du commun en Ukraine
Ioulia Shukan
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 54
- 19 Juin 2025
- 9782735131020
En avril 2014, lorsque démarre la guerre à l'est de l'Ukraine, appelée également guerre du Donbass, qui oppose le gouvernement ukrainien à la Russie et à ses relais séparatistes locaux, le centre hospitalier médico-militaire de Kharkiv devient l'un des principaux établissements de prise en charge des blessés militaires, dans un contexte où le sous-financement chronique de l'armée ukrainienne se répercute fortement jusque dans ses hôpitaux. Au terme d'une enquête ethnographique longue de neuf ans, Ioulia Shukan nous emmène suivre les trajectoires d'engagement et de citoyenneté de sept femmes aux profils très différents qui ont fait le choix de devenir bénévoles dans ce centre hospitalier. Outre les dons qu'elles collectent auprès de la population ukrainienne, elles consacrent plusieurs heures par semaine à prendre soin des blessés, leur apportant un soutien logistique et psychologique. Sans formation médicale et novices de l'action en commun, elles réinventent au quotidien les formes de solidarités interpersonnelles et de l'agir citoyen. Leur engagement se fait cependant au détriment de leurs positions sociales et de leurs sociabilités anciennes, quitte à les marginaliser et à les précariser, les enfermant, peu à peu et au long cours, dans ce rôle de bénévole sur fond d'enlisement durable de cette guerre jusqu'à l'invasion militaire à grande échelle de l'Ukraine par la Russie. La fabrique du commun autour du soin aux blessés que Ioulia Shukan restitue nous explique ainsi le fonctionnement de la société ukrainienne et la solidité des liens sociaux qui la soutiennent face à l'adversité depuis 2014 et jusqu'aujourd'hui.
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La Modernité tardive en crise : Qu'apporte la théorie de la société ?
Andreas Reckwitz, Hartmut Rosa
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 17 Octobre 2024
- 9782735129263
Andreas Reckwitz et Hartmut Rosa, deux sociologues majeurs, proposent une étude approfondie sur la crise actuelle de la société moderne tardive et sur le rôle crucial que peut jouer la théorie sociale dans la compréhension et la résolution des défis contemporains. L'ouvrage, où chaque auteur développe ses propres analyses et qui se conclut par un entretien croisé permettant de confronter leurs positions, souligne l'importance de la réflexion théorique pour redéfinir les objectifs culturels et sociaux, afin de bâtir une société plus durable et plus équilibrée.Andreas Reckwitz se concentre sur les transformations sociales et culturelles qui ont mené à une société de plus en plus fragmentée et incertaine. Il décrit comment le passage d'une société industrielle à une société de la connaissance a intensifié les inégalités sociales et la polarisation. Le phénomène de singularisation, où les individus cherchent à se distinguer, conduit à une compétition accrue et à un sentiment de surcharge. Ces dynamiques créent un climat d'incertitude et d'anxiété, déstabilisant les structures sociales.Hartmut Rosa développe sa théorie de l'accélération sociale. Il soutient que la recherche incessante d'efficacité, d'innovation et de croissance entraîne une accélération des rythmes de vie, engendrant une forme profonde d'aliénation. Les individus ressentent de plus en plus une perte de contrôle sur leur existence. Rosa montre comment ces processus affectent non seulement le bien-être personnel, mais aussi la cohésion sociale et les fondements démocratiques.
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Jardins en commun(s) : Politiser l'écologie ordinaire
Victoria Sachse
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 54
- 17 Octobre 2024
- 9782735129546
Si les jardins partagés peuvent être perçus comme un phénomène de mode pour un public urbain en manque de verdure, ils sont issus d'une longue histoire de réappropriation des terres, en réaction à leur privatisation ou à leur abandon. Au-delà du simple territoire à cultiver, ils soulèvent de nombreuses interrogations sur l'organisation sociale telle que nous la connaissons.
Gérés en communauté, ces espaces interrogent d'une part la démocratie comme mode d'organisation. Victoria Sachsé, grâce à une ethnographie à Strasbourg et à Rome, montre comment le jardin peut être un lieu de participation citoyenne et devenir un vecteur d'émancipation et de politisation.
D'autre part, l'autrice fait ressortir les enjeux de l'implication au jardin, qui modifie le rapport à la terre et à l'alimentation, bouleversant la perception des rôles de consommateur et de producteur, et ce, jusqu'à la remise en cause du modèle agricole conventionnel.
Enfin, l'ouvrage montre comment les associations de jardiniers deviennent légitimes pour penser la coproduction de l'espace public aux côtés des institutions, redéfinissent la propriété et introduisent la notion de « communs » en réponse à la crise sociale et environnementale. -
Black Metropolis : Une ville dans la ville. Chicago (1914-1945).
Horace R. Cayton, Drake St. Clair
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Amérique(S)
- 17 Octobre 2024
- 9782735128389
Les sociologues africains-américains St. Clair Drake et Horace R. Cayton nous invitent à explorer, au coeur de Chicago, les quartiers de Black Metropolis, la plus importante
métropole noire étatsunienne après Harlem, et nous en révèlent la double face : ghetto surpeuplé, résultat de la pratique dite des « clauses restrictives » empêchant
la mixité résidentielle, mais aussi ville dans la ville, puisque s'y sont développées de nombreuses institutions, une vie sociale, culturelle et religieuse intense, des écoles,
une presse influente, une activité économique formelle et informelle prospère, gagnant ainsi le surnom de Bronzeville. Black Metropolis. Une ville dans la ville.
Chicago 1914-1945 décrit la singularité de cette minorité urbaine. La discrimination raciale et donc les combats des Africains-Américains tout au long de l'histoire de la
ville, leur capacité d'action collective et individuelle pour la conquête de leurs droits et la reconnaissance de leur place pleine et entière dans cette société y sont
présentés dans leur vivacité. Cet ouvrage, fruit d'une vaste enquête collective menée dans la période du New Deal, s'est imposé comme une référence de l'école de
Chicago et a contribué à fonder les Black Studies dans les universités américaines.
Richard Wright, l'écrivain africain-américain le plus célèbre de l'époque, signe la préface de l'édition originale de 1945, prolongeant la force de l'écriture de cette
monographie exceptionnelle, capable tout à la fois d'émouvoir et de faire réfléchir sur ces sujets cruciaux où race, classe et genre se conjuguent. Black Metropolis, devenu
un classique de la socio-anthropologie urbaine, tant pour les spécialistes que pour un public plus large, est ici traduit en français pour la première fois près de quatre-vingts
ans après sa publication aux États-Unis.
Un cahier iconographique inédit complète la traduction française -
Qu'est-ce que la Chine ? Territoire, ethnies, cultures et histoires
Zhaoguang Ge
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Asie(S)
- 16 Mai 2024
- 9782735129461
Travail de l'éminent historien de la Chine traditionnelle Ge Zhaoguang, Qu'est-ce que la Chine? propose un récit de l'intérieur. Il aborde les problèmes sensibles de l'identité chinoise et il montre comment la recherche moderne sur la Chine - qu'elle soit menée en Chine, en Asie de l'Est ou en Occident - a tenté de donner un sens aux frontières territoriales changeantes du pays et à la diversité des groupes ethniques et culturels. Ge considère, par exemple, l'ancien concept de tianxia, littéralement " tout ce qui existe sous le ciel ", qui attribuait la suprématie à la cour impériale et un statut moindre aux fonctionnaires, citoyens et aux peuples tribaux. Le gouvernement chinois fonctionne-t-il toujours avec une croyance en la règle divine du " tout ce qui existe sous le ciel ", ou a-t-il adopté une vision différente des autres acteurs, à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières actuelles? Répondant à la fois aux théories occidentales de l'État-nation et aux intellectuels chinois désireux de promouvoir " l'apprentissage national ", Ge offre un récit perspicace et érudit de la façon dont la Chine conçoit sa place dans le monde. Tout en s'attaquant à des forces historiques et culturelles complexes guidant le fonctionnement interne d'une nation souvent incomprise, Ge fait également émerger de nombreuses nuances de la rencontre de la Chine avec le monde contemporain, utilisant le passé du pays pour expliquer des aspects de son présent et pour donner un aperçu des différentes voies qu'il pourrait emprunter au cours du XXIe siècle. Comme le souligne l'historien Mark C. Elliott, de l'université d'Harvard, dans son compte rendu de la traduction anglaise, les non-sinophones ont bien trop peu accès aux opinions des intellectuels chinois d'aujourd'hui. Ce livre donne un excellent aperçu des principales questions qui se cachent derrière l'énigme de l'identité chinoise moderne.
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La Prison pour asile ? : Enquête sur la santé mentale en milieu carcéral
Camille Lancelevée, Thomas Fovet
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Interventions
- 11 Avril 2024
- 9782735127238
Les données épidémiologiques le montrent depuis le début des années 2000 : la population carcérale française est composée pour une part importante de personnes avec des troubles psychiatriques graves.
Face à ce constat et forts de leur expérience respective de sociologue et de psychiatre en milieu carcéral, Camille Lancelevée et Thomas Fovet mènent l'enquête : pourquoi les prisons françaises semblent-elles devenues des asiles contemporains ? Peut-on désormais les considérer comme des lieux de soin ? Dans quelle mesure la peine de prison est-elle devenue un temps thérapeutique ? Cet ouvrage interroge les évolutions croisées de la psychiatrie publique et de la justice pénale pour comprendre la réalité complexe des troubles mentaux en prison et l'expérience de celles et ceux qui s'y trouvent confrontés. -
Une Grande divergence : La Chine, l'Europe et la construction de l'économie mondiale
Kenneth Pomeranz
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 1 Avril 2010
- 9782735113064
Collection fondée par Henri Berr et dirigée par Mathieu Arnoux.
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Il Gens ordinaires dans la Grande Guerre : Correspondances, récits, témoignages
Corinne Gomila, Agnès Steuckardt, Chantal Wionet
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 54
- 20 Juin 2024
- 9782735129577
De la Grande Guerre, que disent les femmes et les hommes qui la vivent ? Que s'écrivent-ils ? Lettres, carnets de guerre, journaux intimes, testaments, enregistrements sonores : à travers les archives retrouvées de la Première Guerre mondiale, l'ouvrage explore les multiples résonances de la parole vive, écoutant les voix discrètes des gens ordinaires. Si l'histoire moderne a parfois contesté la qualité d'« ordinaire » à celles et ceux qui furent capables d'écrire, les milliers de documents rassemblés par les explorateurs du for privé ont révélé que, dès avant la Révolution, l'écriture était une activité plus banale qu'on ne l'avait supposé. Le xixe siècle en a démocratisé la pratique, et, avec le recours massif à l'écrit qu'elle a suscité, la Grande Guerre représente un moment majeur pour comprendre et décrire les gens ordinaires, leurs pratiques langagières, leur existence, leur subjectivité. Linguistes et historiens, littéraires, archivistes, anthropologues se rencontrent ici pour questionner leurs archives : comment ont-elles été découvertes ? quel rapport entretiennent-elles avec les discours déjà connus de la Première Guerre mondiale ? comment, dans ce contexte, se construit le discours ordinaire ? Des mots de tendresse aux murmures de révolte, de l'égrenage du quotidien aux dernières volontés, de l'espérance de la victoire au récit de l'attente collective, il dit l'impatience que « ça finisse » et que reprenne le cours des vies singulières.
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Une collecte d'images : Walter Benjamin à la bibliothèque nationale
Steffen Haug
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 8 Juin 2022
- 9782735128549
Entre 1927 et 1930 à Berlin, puis de 1934 à 1940 à Paris, Walter Benjamin travaille à accumuler des matériaux pour un projet de vaste envergure: retracer, à partir de l'étude des passages parisiens, une « préhistoire du XIXe siècle ». La rédaction du texte est sans cesse différée, tandis que l'immense corpus préparatoire semble voué à croître indéfiniment, devenant une somme composite de citations que double parfois, à la manière d'une note de régie, une réflexion ou une remarque énigmatique.
Au fil de ses recherches, Benjamin se rend à l'évidence: il faudra que son Livre des passages soit enrichi par des images. Une « documentation visuelle » se constitue bientôt, écrit-il, glanée pour l'essentiel dans les recueils du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale où il travaille pendant son exil parisien. Une centaine de notes témoignent de cette collecte et conservent, enfermée dans leurs plis, la mention d'une ou de plusieurs images qui sont restées pour la plupart inconnues jusqu'ici.
Steffen Haug a voulu retrouver cette réserve enfouie. Gravures et dessins de presse, tracts, réclames, affiches et photographies, de Meryon et Grandville à Daumier, en passant par l'infinie cohorte anonyme et le tout-venant de la production visuelle à grand tirage du XIXe siècle: la moisson rapportée ici est surprenante. Elle invite à lire ou relire les Passages en faisant à l'image toute la place qu'elle occupe dans la pensée du dernier Benjamin, à l'heure où s'élaborent, sous la menace de temps assombris, son essai « L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique », le projet de livre sur Baudelaire ou ses Thèses sur le concept d'histoire. -
Harlem : Une histoire de la gentrification
Charlotte Recoquillo
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Amérique(S)
- 25 Janvier 2024
- 9782735129560
" Les Noirs seront-ils capables de se maintenir à Harlem? ", se demandait James Weldon Johnson en 1925. Ce livre offre, près d'un siècle plus tard, une réponse à sa question. Harlem ne sera bientôt plus un quartier noir américain. Peut-être ne l'est-il déjà plus. Sa reconquête, entamée dans les années 1980, s'est accélérée à la fin des années 2000, soutenue par les gouvernements municipaux successifs. La gentrification de Harlem résulte en effet largement des politiques publiques volontaristes qui y ont été déployées. La présentation de plusieurs conflits locaux met en évidence les frictions et les tensions qui ont émergé entre les habitants, la municipalité et les acteurs privés. La mobilisation locale n'aura pourtant pas réussi à empêcher le déplacement des habitants les plus pauvres et à faire valoir leur droit à la ville. Par ailleurs, en faisant l'histoire de la gentrification de Harlem, ce livre contribue à documenter les modalités de mise en oeuvre du racisme systémique et à enrichir la compréhension des dynamiques historiques de subjugation des espaces et des populations noires aux États-Unis.
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Les Mangeurs de craies : Une histoire des instituteurs ouest-africains en situation coloniale
Jean-hervé Jézéquel
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Afrique(S)
- 5 Décembre 2024
- 9782735130658
L'école normale William-Ponty, ouverte au Sénégal en 1903, a été pendant plusieurs décennies le creuset de l'élite politique et intellectuelle de l'Afrique occidentale française (AOF), une fédération créée en 1895 pour gérer administrativement huit colonies françaises d'Afrique de l'Ouest (appelées alors territoires).
De ses bancs sont issues des figures prestigieuses et notamment ceux qu'on appelle les « Pères » des indépendances africaines : le Malien Modibo Kéita, le Nigérien Hamani Diori, le Béninois Hubert Maga, le Sénégalais Mamadou Dia, l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny et bien d'autres encore. Mais au-delà de ces cas célèbres, l'école William-Ponty a aussi accueilli des centaines de diplômés anonymes : plus de 2 200 entre 1903 et 1947, une toute petite goutte pour une population de l'AOF estimée à environ 16 millions de personnes à la fin des années 1940.
Appelés « Pontins », ils sont instituteurs pour la majorité mais aussi commis d'administration, médecins et vétérinaires. Ce livre propose de jeter un regard nouveau sur un pan mal exploré de la situation coloniale : comment des centaines de jeunes hommes d'Afrique de l'Ouest ont, individuellement aussi bien que collectivement, investi, embrassé, contesté, transformé la manière dont s'est forgée l'appartenance à une élite instruite formée par l'autorité coloniale en AOF. -
Pilule : défaire l'évidence
Alexandra Roux
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 13 Octobre 2022
- 9782735128976
Suite à la récente « crise des pilules » de troisième et de quatrième générations, les femmes rejettent de plus en plus massivement ce moyen de contraception. Pourquoi la pilule est-elle alors tant prescrite en France, en dépit des critiques qu'elle soulève ? Comment est-elle devenue une évidence médicale alors qu'elle ne l'est pas dans d'autres pays ? Ces questions, abordées dans l'ouvrage, sont d'autant plus cruciales que ce standard médical n'est pas sans conséquences : il conduit à amalgamer « pilule » et « contraception », et à définir cette dernière exclusivement comme une « affaire de femmes ».
En décortiquant le mythe de la pilule comme « révolution », Alexandra Roux retrace la genèse de cette norme contraceptive française, éclairant les débats actuels sur le rejet de la pilule, sur ces risques et sur le partage de la charge contraceptive. Elle revient sur la manière dont les mouvements féministes en France ont érigé la pilule comme symbole de leurs luttes pour la liberté procréative, laissant peu de place à la critique des risques et des effets secondaires de ce médicament. L'idée que la pilule « libère les femmes » a aussi servi de puissant argument marketing aux industries pharmaceutiques pour se garantir de très larges profits. Ainsi, l'autrice met en exergue le rôle qu'ont joué l'institution médicale et les laboratoires pharmaceutiques dans le façonnement d'un « pilulocentrisme » à la française. En imposant la pilule comme seule réponse efficace et recommandable contre le « fléau » des avortements, ces acteurs ont participé à genrer la régulation des naissances, et à exempter durablement les hommes de cette charge, au détriment des femmes. -
Alors que la population française tend à vivre plus longtemps, Faire avec l'âge est un livre nécessaire pour saisir les conditions dans lesquelles le vieillissement s'opère. Philippe Bataille s'est attaché à décrypter la littérature récente sur le sujet du grand âge et à aller à la rencontre de nombreux acteurs : médecins, gériatres, auxiliaires de vie, infirmières, directeurs ou directrices d'EHPAD et, surtout, personnes âgées elles-mêmes et leur famille.
Choisissant de laisser la parole à ceux dont le vieillissement est le quotidien, Philippe Bataille se fait le rapporteur discret de ce que veut dire vieillir et mourir en France aujourd'hui. S'arrêtant longuement sur la période Covid, ce livre pointe la désorganisation totale pendant la crise, puis ses conséquences : la raréfaction des médecins traitants et le phénomène de désertification du milieu médical, la fin des déplacements à domicile, le recours incessant aux urgences. Mettant en parallèle le mal-être des âgés et celui de leurs aidants, il montre les rigidités d'un système de vieillesse déshumanisé, toujours au détriment des patients, menant à des situations parfois tragiques. -
La Mouridiyya en marche : Islam, migration et implantations
Cheikh Anta Babou, Stanislas De Haldat
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 17 Avril 2025
- 9782735130412
S'appuyant sur un large éventail de sources orales et d'archives en plusieurs langues collectées dans cinq pays, La Mouridiyya en marche retrace plus d'un demi-siècle d'histoire des Mourides, en mettant l'accent sur la mobilité et les transformations culturelles en milieu urbain. Cheikh Anta Babou s'inscrit dans la recherche émergente sur les migrations musulmanes transnationales en explorant la vie religieuse de cette confrérie sénégalaise à travers leurs migrations et leur installation dans certaines villes sénégalaises, ivoiriennes, gabonaises, françaises et américaines depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à la première décennie du xxie siècle. En se concentrant sur leur utilisation de l'espace, il met en lumière les relations entre la création de lieux, l'identité religieuse et les comportements d'appartenance, à travers l'habillement, l'utilisation d'une musique dévotionnelle, et la composition de récits sacrés. La quête d'un espace pour soi et la création d'associations, surtout celles dévolues à la promotion des valeurs culturelles et religieuses, constituent l'un des moyens que les immigrants emploient pour se faire accepter et s'insérer dans la communauté citoyenne du pays d'accueil. Tout au long de l'ouvrage, il décrit les forces économiques et sociopolitiques qui ont alimenté ces mouvements de population, notamment la domination coloniale, les crises économiques de l'ère postcoloniale et les catastrophes naturelles.
Ce travail fascinant sera autant apprécié des familiers de la mouridiyya que de ceux qui découvrent la dynamique de cet ordre soufi. -
Sur les fronts de la paix : guide de l'activiste pour un monde nouveau
Séverine Autesserre
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Interventions
- 25 Février 2023
- 9782735129225
L'expression « construction de la paix » évoque un scénario trop bien connu: la violence éclate, les pays étrangers s'en émeuvent, les Casques bleus se précipitent, les donateurs versent des millions de dollars, les belligérants signent des accords, la presse fait ses gros titres sur la paix enfin retrouvée et, quelques mois plus tard, la situation revient à son point de départ, si ce n'est pire. Pourtant, des stratégies ont permis de construire une paix durable dans les zones de conflit, en particulier pour les citoyens ordinaires. Quelles sont-elles? Et pourquoi d'autres citoyens ordinaires, à des milliers de kilomètres de là, devraient-ils eux aussi s'en inspirer?
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En 2007, le monde du jeu vidéo est secoué par une violente polémique au sujet du jeu vidéo Resident Evil 5. Ce dernier est accusé de faire commerce du racisme, en invitant à se glisser dans la peau d'un américain blanc body-buildé, missionné dans une région africaine anonyme, et tuant des dizaines d'hommes et de femmes noires présentées comme de dangereux zombies infectés du virus T. Depuis, la communauté des joueurs et joueuses de jeux vidéo interpelle régulièrement les créateurset créatrices des jeux sur les questions du racisme et du sexisme.Dans son ouvrage, Mehdi Derfoufi analyse les rapports de force qui structurent l'industrie du jeu vidéo, dévoilant comment le racisme se niche parfois insidieusement au coeur de scénarios de jeux vidéo à succès. Il nous invite à nous questionner. Quels sont les pays qui pèsent sur les milliards d'eurosdu marché mondial du jeu vidéo? Qui sont les game designerset auteurs des jeux? Comment les représentations racistes sont-elles véhiculées à travers les personnages et les imaginaires vidéoludiques?L'auteur nous dévoile avec brio les logiques racialisantes à l'oeuvre au sein d'un marché économique très concurrentiel où des stéréotypes exotisants servent régulièrement à faire vendre un jeu. Il nous montre aussi comment la division internationale du travail et la hiérarchie économico-politique Nord/Sud pèse sur le marché du jeu vidéo et ralentit l'émergence de nouvelles représentations. Pourtant, de nombreux espoirs, notamment dans les pays du Sud participent au renouvellement de la culture geek: face aux violences racistes, la riposte s'organise.
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Les Expulsés, sujets politiques
Clara Lecadet
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Interventions
- 12 Octobre 2023
- 9782735126835
Les mesures d'expulsion comme les lois sur l'immigration font de fréquents retours sur la scène politique et dans les médias. Pourtant, les principaux intéressés, à savoir les expulsés eux-mêmes, sont trop peu entendus dans le débat public.
En retraçant l'histoire de l'Association malienne des expulsés et d'autres associations semblables au Togo, au Cameroun et en Sierra Leone, Clara Lecadet s'intéresse à l'humain derrière la mesure. Quelle est la réalité de l'après expulsion ? Tenant compte de la honte et des difficultés matérielles inhérentes à cette épreuve, l'autrice décrit les luttes menées par les expulsés pour se reconstruire en tant que sujets politiques et imposer une présence collective dans l'espace public. Émergent ainsi de ces personnes
historiquement opprimées et longtemps invisibilisées des revendications, des positionnements politiques et des actions d'entraide inédites.
Clara Lecadet montre également comment l'auto-organisation résiste au temps en s'inscrivant dans un réseau international d'associations et d'ONG.